Le Blogue d'Igor

"Heureux ceux qui se regardent avec humour car ils n'ont pas fini de rigoler ..." Lao Tseu

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mercredi 4 mars 2015

Musée Soulages, l'intérieur

Après l’extérieur, voyons l’intérieur du musée Soulages de Rodez. Les volumes sont spacieux sans être écrasants et les architectes ont joué sur les hauteurs des plafonds et les éclairages soit naturels, soit artificiels pour dessiner un parcours varié et adapté au type des oeuvres. Ainsi la section 4 “estampes” est-elle logée dans un espace au plafond relativement bas et aux éclairages mesurés.

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J’ai été sensible à la qualité du revêtement des sols qui ressemble à première vue à un carrelage en grès cérame métallisé* mais l’absence de joints met la puce à l’oreille. Il s’agit en fait de plaques fines de métal collée sur un support qui amortit les bruits de talons, et tout un double jeu de largeurs et de teintes se déploie depuis les lattes étroites et longues qui font penser à un parquet jusqu’au dalles larges qui rappellent la céramique, les tons allant du clair jusqu’au sombre dans toute la gamme des gris, le tout étant pensé pour sa relation avec les oeuvres et leur mise en valeur. On peut en dire autant des revêtements des parois et des plafonds.

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Je ne m’étendrai pas sur le contenu du musée qui résulte de deux donations de près de cinq cent oeuvres offertes par Pierre Soulages et son épouse et permet un parcours complet dans son oeuvre, depuis les débuts jusqu’à nos jours et soulève le voile sur les techniques de l’artiste. Lors de ma visite l’exposition temporaire avec pour thème “Outrenoir en Europe” complétait la collection permanente avec ses immenses polyptyques qui sont autant de pièges à lumière.

 

J’ai pris quelques photos des oeuvres jalonnant ce parcours avec pour limite la difficulté de prendre des photos au vol, sans pied et sans éclairage conçu pour la prise de vue, particulièrement les Outrenoirs. Prenons-les donc pour un simple témoignage. Petite précision, Soulages, qui est sans doute comme Jospin un austère qui se marre, ne donne pas dans le lyrisme ou le figuratif pour les titres de ses oeuvres et les nomme le plus souvent de la façon suivante : peinture 202 x 255 cm, 18 octobre 1984 (voir la photo 18). J’ai allégé les titres des toiles et oeuvres prises en photo en donnant simplement l’année. Si vous voulez avoir les titres exacts et complets, il vous faudra rendre visite au musée ou encore vous procurer le catalogue raisonné de l’oeuvre de Soulages par Pierre Encrevé.

 

 

* http://carrelage.comprendrechoisir.com/comprendre/carrelage-gres-cerame

 


Musée Soulages, l'extérieur

Les photographes vont s’y précipiter, un peu comme au Mucem à Marseille. Cette fois il s’agit du musée Soulages à Rodez conçu par l'agence des Catalans RCR associés à Passelac et Roques, architectes, Narbonne.

 

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Les cubes revêtus d’acier Corten (dont les teintes rappellent celles des rougiers si présents du côté de Marcillac) en imposent quand on arrive en contrebas par la rue Planard et sont tout à fait intégrés à leur environnement quand on les regarde depuis le Jardin du Foirail qui court depuis le centre ville, près de l’imposante cathédrale, tout au long de l’avenue Victor Hugo, et a fait l’objet d’une requalification poussée en terme d’aménagement urbain (sols, éclairage,  mobilier......).

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On peut prédire un effet Guggenheim comme à Bilbao pour l’attractivité de la ville d’autant que le bâtiment n’est pas une coquille vide mais un écrin pour la plus riche collection d’oeuvres de Soulages (500 oeuvres en deux donations) au monde et que la brasserie gérée par la famille Bras, Michel et Sébastien, fait le plein en cette saison.

 

On notera que le bâtiment situé au bout du Foirail et qui abrite un multiplexe et la brasserie Au Bureau est aussi de qualité et ne dépare pas à côté de son prestigieux voisin.

 


dimanche 24 mars 2013

Vrais jumeaux

Je suis un lecteur plutôt assidu du Monde. Je commence le plus souvent ma lecture par le Carnet situé en fin de journal, en général à l'avant-dernière page, où paraissent les annonces des événements qui rythment la vie sociale : naissances, baptêmes, fiançailles, mariages, anniversaires de naissance ou de mariage, décès, remerciements, messes, condoléances, hommages, anniversaires de décès, souvenirs, colloques, conférences, séminaires, forums, portes ouvertes, congrès, nominations, assemblées générales, soutenances de mémoire, thèses, HDR, expositions, vernissages, signatures, lectures, communications diverses......

 

En fait, par principe de précaution, je regarde principalement la rubrique Décès afin de vérifier que je n'y figure pas et que je peux continuer tranquillement à vaquer à mes occupations, à commencer par la lecture de mon journal.

 

Ce jour-là, dans le Monde daté du mercredi 20 février 2013, mon attention est attirée par deux avis de décès successifs., l'un concernant Etienne B. et l'autre André B. En parcourant les notices, je constate que l'un et l'autre sont anciens élèves de l'ENS (rue d'Ulm), qu'ils sont tous deux professeurs émérites des Universités, hellénistes et épigraphistes. Ils sont tous deux décédés le 17 février dans leur quatre-vingt dixième année à quelques heures d'intervalle et ils étaient jumeaux. Ont-ils poussé la gémellité jusqu'à décéder dans le même ordre que celui de leur naissance ? Cela n'est pas indiqué. En revanche l'un, Etienne, sera inhumé au cimetière de Montrouge, après une cérémonie religieuse à l'église Saint-Etienne-du-Mont, tandis que l'autre, André, verra ses cendres dispersées à Voncq après incinération au crématorium du cimetière du Père-Lachaise.

mardi 26 mai 2009

Une belle brochette de vignerons à Calce et un petit goût de revenez-y à Maury

Si jamais ce fut  le cas, Gauby ne prêche plus dans le désert. Ce terroir de Calce au relief fragmenté et à la géologie complexe, dominé au sud par le Canigou (enneigé à ce moment), où les parcelles de vignes se faufilent dans des combes étroites, s'exprime magnifiquemment dans les vins de plusieurs vignerons. Nous en avions rencontré certains qui cultivent la vigne en agriculture biologique lors du 1er salon Vinautaure organisé par Épicuvin le 29 mars 2009 au domaine de la Prose à Pignan.
 
Ce samedi 9 mai les vignerons de Calce organisaient une journée intitulée « Les caves se rebiffent » avec accueil aux domaines et animations au village. Donc de bonnes raisons pour aller rendre visite et déguster les vins de plusieurs domaines puis de filer à Maury, tout proche, pour y déjeuner à la Maison du terroir (chef Pascal Borrell). Petit compte-rendu en images.

Partis séparemment avec deux voitures, on a commencé par se retrouver sur le coup de dix heures au caveau du domaine Jean-Philippe Padié (jeune vigneron installé depuis 2003) au cœur du village : deux blancs superbes suivis de trois rouges d'excellent niveau (site Internet de belle allure quoiqu'un peu lent). Deux pas à faire et on se retrouve chez Olivier Pithon (jeune vigneron en bio installé depuis 2001) qui nous aligne deux excellents blancs suivis de trois rouges qui attestent la qualité du terroir et les soins du vigneron ; son site Internet est une belle profession de foi en la culture bio et l'amitié avec d'autres vignerons.


 
Quelques pas à faire et nous voilà dans le caveau du château Lafforgue, un domaine plus traditionnel (pas de site Internet à ma connaissance) qui réussit de belles cuvées en rouge et en VDN (de très beaux rivesaltes ambré et tuilé de 2004). Il est intéressant d'aller jeter un coup d'oeil sur l'arrêt du 29 juin 1994 de la Cour européenne de justice qui a statué à la demande de la Cour de cassation française sur un litige opposant les propriétaires du château Lafforgue à la cave coopérative de Calce à propos de l'utilisation du terme « château de Calce » pour désigner une des cuvées de la cave (clic sur le site d'Eur-lex).

L'heure tournant nous ne rendons pas visite cette fois ni au domaine Matassa, ni aux Vignerons du château de Calce et parcourons quelques kilomètres sur de petites routes sinueuses pour une splendide dégustation de la gamme des vins (deux blancs, trois rouges dont le mythique Muntada et un rivesaltes) au domaine Gauby (vue sur le Canigou enneigé) où une intéressante conversation se noue avec Gérard Gauby (site Internet précis et élégant).

L'heure de filer vers Maury, où une table a été retenue à la Maison du Terroir, par de petites routes tournicotantes est venue.
 
La « Ballade à Maury », ce superbe menu préparé par Pascal Borrell, se déroule, je n'en dirai rien de plus, les photos suffiront cette fois (sinon se reporter aux billets du 18 avril 2009 intitulés « Une bonne Maison à Maury » 1er et 2ème épisodes) .

À la sortie nous retrouvons le banc avec nos vieux amis du village et il ne nous reste qu'à traverser la route pour rendre visite au caveau-boutique du domaine du Dernier Bastion,


un excellent producteur de Maury, où nous sommes reçus par Jean-Louis Lafage, héritier d'une tradition familiale remontant à 1798 (site Internet un peu paresseux) qui nous fait découvrir une très belle gamme d'AOC Maury dont un magnifique rancio.
 

Merci à Marc et Viviane Touchat, Alain Houssat et Daniel Roche pour les photos de ce billet

lundi 23 mars 2009

Une bourlingue en diagonale : cap au sud et retour au bercail

Du Manoir fleuri à Châtel-Guyon, je suis rapidement rendu, avec un bref arrêt pour voir le château de Chazeron, à la fonderie Fusions de Charbonnières-les Vieilles (un bel édifice bien restauré se trouve au centre du village) d'où je repars en milieu de matinée direction le sud par l'autoroute A75.
 
Passant près du viaduc de Garabit que j'ai toujours eu envie de voir sans en avoir le temps, je fais cette fois le petit crochet qui me permet de voir de près ce rêve d'ingénieur mécanicien jeté au-dessus de la Truyère.

C'est l'heure du repas, je jette un coup d'œil sur les cartes des quelques restaurants proches du site mais je me décide à faire plutôt un arrêt dans ce village proche et doté d'une concentration étonnante de restaurants compte tenu de sa petite taille et de son éloignement des grandes villes. Je veux parler d'Aumont-Aubrac, bien connu par le restaurant Prouhèze qui, lorsqu'il était tenu par la famille éponyme, avait obtenu une étoile au Michelin. Depuis, la famille s'est installée à Montpellier (Prouhèze Saveurs dans l'av. de la Pompignane) mais la tradition de la restauration est restée au village.

Entre le Grand hôtel Prouhèze (cuisine gastronomique du chef Pierre Roudgé) et son satellite le bistrot auberge Le Compostelle; entre le restaurant gastronomique Chez Camillou (chef Cyril Attrazic) et son auberge gourmande La Gabale, entre la brasserie-pizzéria La Merelle, le restaurant Afy, le relais de Peyre et le restaurant Astruc, c'est l'affolement des papilles, il y en a pour tous les prix et tous les goûts.

Mon choix se porte sur le Compostelle, le bistrot auberge de Prouhèze. On peut se contenter d'une simple saucisse-aligot à 9,50 euros ou du petit menu Terroir à 17,50 euros (un fricandeau à l'ortie et petites salades amères, suivi de la saucisse-aligot qui elle-même précède la coupétade, une crème au miel de Lozère). Je me tourne vers un menu carte qui propose pour 28 euros 1 E, 1P et 1 D (ou F) ou pour 21,50 euros 1E, 1P ou 1 P, 1D (ou F). Je choisis la formule à 1E et 1 P qui propose deux possibilités pour chaque item. Ce sera donc en entrée une terrine de porcelet au foie gras avec un mesclun, des oignons confits et des pousses germées. J'aurais aimé une daube de joue de porc comme plat mais elle n'était pas disponible (le cochon n'en ayant fait qu'à sa tête) et je fis le choix d'un boudin noir de chez Goubie (à Mont-de-Marsan) servi sous forme de 4 tranches épaisses avec un aligot plutôt copieux. Cuisine de style rustique soigné, portions copieuses, accueil sympathique. Petit choix de vins au détail à prix abordable : trois références en blanc 4/5 euros le verre, plusieurs références en rouge ou rosé (Languedoc-Roussillon ou Costières de Nîmes) en pot de 25 cl. Je choisis un château de Lancyre (AOC Coteaux du Languedoc, Pic-Saint-Loup).

Plus généralement la carte des vins (qui est celle du restaurant Le Prouhèze) donne un aperçu assez bien équilibré des principaux vignobles de France aussi bien en blancs qu'en rouges (75 références dans cette couleur dont 20 pour le Languedoc-Roussillon avec quelques pointures : un Petrus 1969 à 834 euros, un Pauillac Mouton-Rothschild 1978 à 312 euros, un Château Margaux 1966 à 524 euros, un Haut-Brion 1975 à 356 euros, un Yquem 1976 à 572 euros, un Grange des Pères 2005 à 119 euros).

Je repars vers 15 h et fais une halte aux Cazalous, l'aire de visite du viaduc de Millau, d'où la vue sur l'ouvrage et la vallée est superbe. Traversée du Larzac, descente vers Lodève, passage à Gignac et me voici de retour au bercail ce lundi 8 septembre vers 17h, dix-sept jours après mon départ et 3153 km parcourus. Bilan carbone désastreux.

(c'est fini)

 

 

 

vendredi 20 mars 2009

Une bourlingue en diagonale : à Clermonf, errant, 2ème épisode

Dimanche 7 septembre

Nous nous retrouvons à la Maison de l'habitat pour une studieuse session de travail sur la filière élevage et production de lait pour l'élaboration du fromage. Rendez-vous est donné au sommet du puy de Dôme pour un buffet généreux organisé par le convivum : spécialités et fromages sont encore au rendez-vous. Séparation générale à l'issue de cette université d'été qui laissera d'excellents souvenirs aux participants grâce à l'organisation parfaite et généreuse des membres du convivium Voca'Niac.

Ayant à faire le lendemain matin à la fonderie de Charbonnières-les-Vieilles, je prends logis au Manoir Fleuri à Châtel-Guyon, la petite ville thermale toute proche. Cet hôtel-restaurant est une grande bâtisse située dans un vaste parc arboré et organisée autour d'une large tour carrée qui abrite la quinzaine de chambres. Curieusement, cette tour est d'un style qui évoque plutôt les grandes demeures toscanes un peu fortifiées de la fin du Moyen-Âge. Après mon installation, je descends au restaurant qui est composé de deux salles qui ont des hauteurs sous plafond impressionnantes, de 5 à 7 m au moins, et sont d'un style Renaissance revu par le XIXème siècle : poutres et caissons garnis de tissu au plafond, murs lambrissés couverts d'assiettes, d'armes et de trophées.

Le chef Bruno Roche propose un menu "Découverte" à 29 euros, un menu "Terroir" à 38 euros et deux menus "Passion" à 35 euros pour 1 E, 1 P (poisson ou viande), F et D à 44 euros pour 1E, 2P (poisson et viande), F et D. Les propositions sont alléchantes (ex. d'entrées : terrine de saint-nectaire et cantal aux artichauts ou millefeuille de légumes et écrevisses avec mesclun et vinaigrette de crustacés). Je n'ai pas grand faim après les agapes roboratives de l'université d'été et je me contente d'un repas à un seul plat, en l'espèce un filet d'omble chevalier, fondue de fenouil à l'orange et beurre d'agrumes. Le plat est bien présenté et cuisiné avec finesse, le poisson étant rôti côté peau et légèrement poêlé côté filet. En attendant sa préparation, on m'apporte en guise d'amuse-bouche une verrine de crème de chou-fleur. La carte des vins balaie, sans trop les approfondir, les principales appellations françaises et je remarque trois références du Languedoc-Roussillon dont un Mas Bruguière. Je me décide pour un blanc au verre du négoce ( de Kressmann, site Internet intéressant) qui se révèle agréable. La dizaine d'autres convives qui sont là ce soir ont l'air satisfaits par ce qui leur est servi avec affabilité. Une bonne adresse en station thermale, ce qui n'est pas si fréquent, avec un chef qui a envie de mettre en valeur les produits de sa région.
 

Le Manoir fleuri
route du Château de Chazeron
63140 Châtel-Guyon
04 73 86 01 27

site Internet


(à suivre)

Une bourlingue en diagonale : à Clermonf, errant, 1er épisode

Vendredi 5 septembre

Il n'y a pas très long de Saint-Aignan à Clermont-Ferrand par l'autoroute passant par Vierzon , Bourges et Montluçon. Je suis aux portes de la ville vers midi et je file de là dans le petit village de Charbonnières-les-Vieilles au pied du Gour de Tazenat pour rendre visite à Fusions, une fonderie d'art avec laquelle je suis en relation. Ce Gour de Tazenat est ce que les géologues appellent un « maar », c'est-à-dire un lac circulaire d'origine volcanique aux parois assez abruptes résultant de la rencontre explosive entre une remontée de magma et une nappe phréatique. Je repars bientôt en direction du puy de Dôme au sommet duquel le convivium Auvergne de Slow Food , Volca'Niac, nous a donné rendez-vous pour des ateliers de dégustation de fromages en prélude à l'université d'été de Slow Food qui commence demain et a pour thème « les fromages au lait cru ».

Du haut de ses 1.464 m augmentés de la hauteur de la tour de télécommunications qui le surmonte, le puy de Dôme aimante le regard de loin. La montée depuis le parking du bas a ce caractère inexorable qui en a fait une étape mythique du Tour de France. La vue, sans être totalement dégagée cet après-midi, porte quand même assez loin et l'on distingue bien les autres puys et, parmi d'autres, le Meyzenc que j'avais gravi il y a quelques années.


Je rejoins le groupe des slowfoodiens pour le second atelier du goût sur le thème « Cru, pas cru, qui l'eût cru ». La région Auvergne, grand productrice de fromages de vache, est au cœur de cette question du lait cru qui agite pas mal les producteurs et les distributeurs ainsi que les amateurs en ces temps où deux grands groupes laitiers ont voulu imposer un changement du cahier des charges du camembert AOC en faisant admettre qu'il puisse être fabriqué à partir de lait pasteurisé.

Au-delà de la bataille pour s'opposer à la standardisation des goûts qui est à l'œuvre, il s'agit aussi de savoir si cette évolution laissera une place aux producteurs fermiers qui fabriquent le fromage sur place dans l'exploitation et ne livrent pas leur lait à des circuits de ramassage qui tendent à s'allonger à mesure de la disparition des petites ou moyennes unités de fabrication, ce qui rend le recours à la pasteurisation et autres techniques de stérilisation presqu'obligatoire. Nous en débattrons pendant 2 jours avec des éclairages venant de scientifiques, de producteurs et de fromagers.

Redescente vers Clermont-Ferrand, installation dans les hôtels et virée au centre ville qu'il est facile d'atteindre en tramway sur pneus (on est dans la ville de Michelin). Les membres de Volca'Niac ont bien fait les choses et une pittoresque permanence d'accueil est établie dans une vieille maison du vieux Clermont avec un généreux buffet de charcuteries, fromages et vins d'Auvergne.

Samedi 6 septembre

Nous nous retrouvons à la Maison de l'habitat où, après une réunion plénière pour traiter des questions relatives à la marche de Slow Food France, nous nous répartissons en 3 groupes de travail sur des sujets plus techniques puis nous réunissons pour une table ronde avec trois intervenants. Après un buffet où les produits de belle qualité de producteurs locaux sont bien mis en valeur, nous partons par petits groupes pour rendre visite à des laiteries et fromageries des environs.

Je suis dans un groupe qui se rend dans une ferme de la Limagne à Montgacon près de Maringues qui élève une race particulière de vaches à la robe grise originaire d'Autriche et de Suisse (c'est la Brune des Alpes) et élabore, à partir de lait cru, un délicieux gaperon, ce fromage en forme de dôme et aromatisé à l'ail rose d'Auvergne. (voir le site)


Nul doute la fermière, Patricia Ribier, a le coup de main et ses fromages frais ou affinés sont délicieux (comme ses enfants, Sylvain et Élodie, qui nous ont accompagné pendant toute la visite).

Retour à Clermont-Ferrand en fin d'après-midi pour un astucieux dîner itinérant original et pittoresque. Au lieu de concentrer la centaine de convives dans une salle avec les inconvénients que cela comporte (émiettement et isolement par tablée, bruit ....) chacun a reçu une feuille de route avec un lieu précis (parmi une dizaine) et une heure de rendez-vous dans le centre ville ainsi qu'un plan détaillé avec un notice sur chaque lieu.

Pour ma part, je dois me rendre à la boucherie Gauthier à 19 h pour l'apéritif. J'y retrouve une dizaine de Slow-foodiens. Le patron et son épouse ainsi que leur équipe nous reçoivent avec gentillesse en nous offrant un délicieux tablier de sapeur sauce gribiche avec une brioche aux grattons accompagné d'un chardonnay des Côtes d'Auvergne. Les contacts se nouent facilement dans ce contexte.

Vers 19h45 chacun se voit remettre une nouvelle feuille de route avec une destination différente pour chacun. Le petit jeu de piste recommence, nous croisons d'autres Slow-foodiens occupés à chercher leur chemin, ce qui permet de visiter le centre ville qui comporte des bâtiments fort intéressants à commencer par sa cathédrale N.-D. de l'Assomption en pierre noire de Volvic Et c'est justement dans un magasin avec vue sur la cathédrale que je suis reçu pour l'étape suivante : cela se passe chez Olivier and Co (huiles d'olive, épices et produits fins) où nous attend un omble chevalier fumé aux agrumes servi avec une purée d'aubergine et un morceau de poivron et accompagné d'un chardonnay 2006 de Noël Bressoulaly à Authezat. Le temps de faire un peu connaissance avec les convives et le moment est venu de se séparer après remise de la feuille de route suivante.

J'ai rendez-vous à 21h chez Frédérique, une adhérente du convivium Volca'Niac, qui accueille merveilleusement chez elle et nous régale d'un petit salé aux lentilles blondes de la Planèze de Saint-Flour (un produit sentinelle Slow Food) accompagné d'un Côtes d'Auvergne de Châteaugay.

Après ce dernier plat convergence générale des groupes vers un café possédant une vaste cave qui nous a été réservée. Un duo de musiciens, violon et accordéon, joue avec conviction et pour ceux qui auraient un petit creux des plateaux de fromages circulent. Il y a du vin et des desserts et les conversations se nouent facilement entre les personnes qui se sont vues à l'une ou l'autre des étapes.

(à suivre)

lundi 16 mars 2009

Une bourlingue en diagonale : un repas au Beaulieu au Mans

Jeudi 4 septembre

Ayant pris congé de mes amis, je reprends la route direction Clermont-Ferrand où doit se tenir, le samedi et le dimanche, l'université d'été de Slow Food France sur le thème des fromages au lait cru. Il serait possible d'y arriver le soir même en roulant de manière soutenue mais j'ai la possibilité de faire une halte dans la maison de mes amis près de Valençay chez qui je m'étais arrêté à l'aller et qui la mettent à ma disposition en leur absence. Je pourrai ainsi reprendre les vins achetés lors de mon passage récent que je n'ai pas voulu secouer sur les routes normandes. J'ai le temps d'y arriver pour le soir et je fais donc une halte culinaire au Mans pour le repas de midi où j'ai repéré dans le guide Champérard le restaurant le Beaulieu.


Soit un hôtel particulier en belles pierres de taille, toits d'ardoise pentus, style Louis XIII revu Troisème République, qui a été le siège historique des Mutuelles du Mans. On monte quelques marches, une belle porte de couleur sombre sous un porche s'ouvre et on accède à une zone d'accueil à l'éclairage tamisé où des tableaux aux vives couleurs apportent quelques éclats, suit un corridor qui donne sur de petites salles pour petits groupes ayant chacune une décoration diffférente puis on débouche sur une assez vaste salle aux volumes généreux rythmés par des colonnes. Une fête de la déco manigancée par Laurence Boussard qui a créé un décor en blanc, noir et rouge sang avec des lustres et appliques en pâte de verre aux bras gainés de velours chiffonné, de grandes images, entre peinture et photos, de voiture aux murs (on est au Mans). Tables rondes à 4/5 couverts, de quoi accueillir une bonne trentaine de convives, nappes et serviettes blanc écru, chaises-fauteuils un peu incommodes car assise trop sur l'arrière (cela est fréquent dans beaucoup de restaurants, car les décorateurs privilégient souvent l'aspect relativement à la fonction).

Accueil affable de la part de Frédéric Morançais, le sommelier maître d'hôtel. Les menus sont sous le signe du nombre 2 : le menu « Idées de saison » pour 42 euros ( E, P ou V, F ou D), le petit menu « Découverte » pour 52 euros (E, P ou V, F ou D), le grand menu « Découverte » pour 62 euros (E, P, V, F ou D). Je choisis le petit menu « Découverte » avec l'option poisson (et mon entrée sera aussi tirée de la mer). Il m'est proposé divers petits pains maison et je discute avec le sommelier du choix de vins au verre pour les différents plats.

En prélude au repas arrive une mise en bouche, baptisée la gourmandise, faite de 4 éléments disposés sur une assiette blanche, elle même posée sur une sous-assiette en faïence de couleur corail (de chez Montgolfier) : un gaspacho de tomate au basilic dans un gobelet en porcelaine, un capuccino de chou-fleur parsemé de ciboulette dans un petit verre, un flan au foie gras et gelée de groseille dans un petit ramequin et un tartare de saumon avec des petits oignons ciselés, un peu de ciboulette et un plumet de cerfeuil dans une petite coupelle. Tout cela est délicieux et augure bien de la suite. Le vin qui m'est servi dans un verre Mikasa (série Open up) pour ce début est un Jasnières, domaine de Cézin (François Fresneau, 72340 Marçon), 2004 : un chenin précis et vif qui développe ensuite de la rondeur en même temps que des arômes de fruits et fleurs blanches.

L'entrée est une salade de langoustine aux copeaux de parmesan. Les langoustines juste rôties sont servies dans leur jus en semi gelée entourées de mini légumes (céleri, poireau, carotte) cuits entre al dente et confit, des copeaux de parmesan et de radis et quelques coques complètent le tableau. Le Jasnières s'accorde très bien avec cette entrée. Le chef Olivier Boussard vient me rendre visite et nous bavardons un peu. Je m'étonne d'être seul en salle ce midi avec le personnel aux petits soins pour moi. Il m'explique que le restaurant vient de rouvrir après les congés d'été et que les habitués n'ont pas encore retrouvé leurs marques.

Le plat est un filet de barbue rôtie aux girolles (et lamelles de truffes) servi avec une simple purée. La portion est généreuse, la cuisson impeccable et les saveurs riches appellent un vin plus ample. Ce sera un Santenay blanc 1er cru du domaine Vincent Girardin (mais je ne retrouve pas la mention du millésime, ni du climat) dont le boisé se marie bien avec les effluves légèrement terreuses du plat.

Les gâteries arrivent sous la forme d'un avant-dessert fait de trois éléments : un petit financier, une pannacotta avec un coulis de mangue dans un petit verre, une guimauve au goût d'amande amère. Le sommelier me propose un pinot gris, vendanges tardives, domaine Schlumberger, cuvée Laure 2000, couleur vieil or intense, arômes de coing et de figue, gras et frais, épices en bouche.

Il conviendra parfaitement au dessert : un sablé breton sur un coulis de fruits rouges, entouré de framboises, une touche de crème, des quartiers de fraise, une tranche d'orange traitée en tuile, quelques pistaches font une transition colorée vers l'autre partie de l'assiette où est disposée une crème glacée à la vanille. Un excellent café de la Jamaïque, assez puissant et un peu terreux termine le repas. Avec 4 verres de vin et le café ma note se monte à 86 euros, ce qui reste raisonnable compte tenu de la belle qualité des vins.

Après une petie flânerie digestive (mais je n'ai pas le temps d'aller au musée des Beaux-Arts du Mans),je reprends la route et arrive en fin d'après-midi à Saint-Aignan, sur les bords du Cher, où je fais quelques courses avant de m'installer pour la soirée et la nuit dans la maison de mes amis à Faverolles près de Valençay.


Le Beaulieu

Laurence et Olivier Boussard
Place des Ifs
72000 Le Mans
02 43 87 78 27
site un peu succinct

(à suivre)

mercredi 11 mars 2009

Une bourlingue en diagonale : au vent du Cotentin

Lundi 1er septembre

Barneville-Carteret est situé face à Jersey dont on aperçoit les côtes le jour et les lumières la nuit et résulte de la réunion assez récente de deux bourgs. Carteret, au pied du cap de même nom, petit port abrité dans un havre relié par un chenal à la mer et Barneville, côté terre, un peu plus haut avec vue sur ces vastes étendues inondées ou à sec selon les marées. Le paysage change complètement avec les heures surtout en cette période de vives eaux. J'arrive dans l'après-midi et je trouve sans problème la maison de mes amis. Ici, comme partout sur les côtes normandes, la pêche à pied est une passion, et je les verrai en revenir vers 18 h avec notamment de petits ormeaux dont la pêche vient d'être temporairement autorisée. Je m'établis tandis qu'arrivent aussi (Jean)-François et Marie-(Thérèse), des cousins d'Anne venant du Jura.

Mardi 2 septembre

C'est jour de marché à Portbail à une dizaine de km au sud. Vent et pluie sont au rendez-vous en matinée. Après nos achats de légumes, de coquillages et de poissons nous allons nous réchauffer et nous sécher dans un bistrot tenu par un groupe de jeunes gens qui en ont fait un lieu chaleureux et attractif. Dans l'après-midi, le soleil réapparaît et je vais me promener seul au château et parc de Martinvast.



Je retrouve le plaisir de ces longues heures passées à flâner dans ces grands parcs qui parsèment la Normandie où leurs concepteurs ont su ménager des vues superbes par de longues coulées où le regard port au loin. Je retrouve les amis en fin de journée et nous cuisinons nos achats du matin pour le repas du soir. Entre temps Juliette, la fille d'Anne et de Jean, est arrivée ainsi que son copain.

Mercredi 3 septembre

Jour de promenade et de visite. Nous partons tous vers cette pointe du Cotentin où les falaises sont hautes, les vents puissants et la végétation rase entre le cap de la Hague et le Nez de Jobourg. Arrêt à Port Racine, réputé être le plus petit port de France, blotti dans la magnifique anse Saint-Martin.

 

Tout près de là à Saint-Germain-des-Vaux, nous passerons un bon moment à l'abri du vent dans le jardin en hommage à Jacques Prévert (qui avait sa maison tout près de là), établi par un de ses amis, Gérard Fusberti. Il a sollicité les autres amis du poète pour établir ce jardin dans un frais vallon où court un ruisseau, chacun d'eux ayant offert un arbre, un arbuste ou une plante. C'est un lieu modeste et recueilli. Nous partons ensuite pour Goury, ce petit port, bien connu des marins pour son phare et sa station de sauvetage.

Nous poursuivons vers le sud vers Flamanville en découvrant d'ample baies dominées par des pentes couvertes de fougères et de bruyères qui ajoutent des teintes fauves et violettes aux verts.

 

Flamanville est une ville riche en raison de la présence de la centrale nucléaire. La ville possède un château du XVIIème siècle en cours de réhabilitation entouré d'un superbe parc où se trouve un enclos avec une collection extraordinaire de plus de 500 dahlias dont les formes, textures et couleurs sont incroyables.

Parc et château de Martinvast, le site


(à suivre)

dimanche 8 mars 2009

Une bourlingue en diagonale : Bricquebec en Cotentin

Lundi 1er septembre

Soleil agréable ce matin-là pour mon départ vers le Cotentin où je vais rendre visite à mes voisins de Montpellier, Anne et Jean G., qui ont leur maison d'été à Barneville-Carteret sur la côte ouest de la presqu'île. Je roule sans me hâter, passant par de petites routes pour arriver en fin d'après-midi. Passant par Valognes, je fais halte pour le repas de midi à Bricquebec, petit bourg tranquille au centre du Cotentin, dont j'apprendrai plus tard que c'est le lieu de naissance de Jean G.. Bricquebec au nom d'origine doublement viking (brekka : pente ; bekkr : cours d'eau), fondée aux alentours de l'An mil par l'établissement d'une motte féodale par le Normand Anslech, proche du duc de Normandie Guillaume Longue Épée. Un château féodal ( XI ème-XIVème siècles) bien préservé pris ensuite sa place et ses remparts, ses tours et donjon occupent le centre du bourg. Près de Bricquebec se trouve aussi la célèbre abbaye N.-D. De la Grâce, occupée par des Trappistes (ordre cistercien de la stricte observance) qui ont longtemps fabriqué un célèbre fromage au lait cru de la famille des saint-paulin avant que la fabrication ne soit reprise à l'extérieur sous une forme banalisée à partir de lait pasteurisé.

L'Hostellerie du Château est établie dans un grand corps de bâtiment qui porte des traces de transformations. Ambiance résolument médiévale. La salle à manger occupe l'ancienne salle des Chevaliers avec ses énormes piliers du XIIème siècle, une poutre de plafond peinte de manière un peu incongrue en bleu et tout un bric à brac d'objets évoquant le Moyen-Âge (blasons, armures, armes tranchantes ou estocantes, chandeliers en fer forgé), on ajoutera des meubles rustiques, des fenêtres à verres colorés sertis au plomb, une grande cheminée, une horloge. Quinze tables sont disposées dans cette vaste salle un peu basse de plafond, soit 30 à 40 places.

Je suis seul ce lundi midi. J'opte pour le menu des Chevaliers à 28 euros : 1 E (3 choix), 1 P (3 choix), plateau de fromages et 1 D (7 choix). Les autres possibilités sont un menu du terroir à 21 euros (trois items) ou un menu de la Reine à 32 ou 38 euros (4 ou 5 items). En attendant l'arrivée de mon entrée je feuillette la carte des vins. Plutôt classique : fournie en bordeaux rouges, pauvres en bordeaux blancs, moyennement fournie en bourgognes rouges et blancs ou en beaujolais, pauvre en côtes du Rhône, moyennement fournie en Pays de Loire, peu fournie en alsaces, démunie en vins du sud et du sud-ouest. Au verre et pour 2 euros on peut se faire servir un sauvignon de Loire ou un rosé de Provence ou un Bordeaux supérieur, les mêmes vins sont proposés en ¼ à 4 euros, en ½ à 6 euros et en bouteille à 11 euros.

Mon entrée est un pannequet de saumon fumé et son tartare sur gaufre de pomme de terre. La portion est généreuse et servie sur une grande assiette rectangulaire en verre : au centre la gaufre de pomme de terre sur laquelle est déposée une tranche de saumon fumé repliée sur un tartare de saumon cru mariné, une tuile au miel et des feuilles de coriandre complètent l'édifice, un peu de crème fraîche et des pincées de poudre de paprika agrémentent la présentation. Le sauvignon au verre est fruité et buvable.

Le plat est un grenadin de porc à l'ail doux, céleri rave fouetté au lait d'amande, sauce chocolat. Portion généreuse encore : trois grenadins de porc entouent une purée de céleri cerclée, le lait d'amande et le chocolat sont discrets, décoration complétée par une figurine en pâte à pain et tiges d'ail doux frites (filandreuses). Le bordeaux supérieur (quel bordeaux ne l'est pas ?) est minable, à jeter.

Suit un plateau de 6 fromages affinés, je choisis les 3 classiques de Normandie : camembert, livarot, pont-l'évêque.

Pour terminer une variation sur la pomme, de gauche à droite : glace à la pomme avec des tranches de pommes séchées, des quartiers de pomme rôtis nappage de compote de pommes, un cake à la pomme, semis de sucre glace et de poudre de cannelle.

Avec un bon café, l'addition se monte à 34,50 euros. Au total cuisine plus généreuse que raffinée, vins au verre décevants. L'arrêt vaut pour le cadre, assez étonnant.
 

L'Hostellerie du Château
4, cours du Château
50260 Bricquebec
02 33 52 24 49
lhostellerie.chateau@wanadoo.fr
site Internet

(à suivre)

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