Jeudi 4 septembre
Ayant pris congé de mes amis, je reprends la route direction Clermont-Ferrand où doit se tenir, le samedi et le dimanche, l'université d'été de Slow Food France sur le thème des fromages au lait cru. Il serait possible d'y arriver le soir même en roulant de manière soutenue mais j'ai la possibilité de faire une halte dans la maison de mes amis près de Valençay chez qui je m'étais arrêté à l'aller et qui la mettent à ma disposition en leur absence. Je pourrai ainsi reprendre les vins achetés lors de mon passage récent que je n'ai pas voulu secouer sur les routes normandes. J'ai le temps d'y arriver pour le soir et je fais donc une halte culinaire au Mans pour le repas de midi où j'ai repéré dans le guide Champérard le restaurant le Beaulieu.
Soit un hôtel particulier en belles pierres de taille, toits d'ardoise pentus, style Louis XIII revu Troisème République, qui a été le siège historique des Mutuelles du Mans. On monte quelques marches, une belle porte de couleur sombre sous un porche s'ouvre et on accède à une zone d'accueil à l'éclairage tamisé où des tableaux aux vives couleurs apportent quelques éclats, suit un corridor qui donne sur de petites salles pour petits groupes ayant chacune une décoration diffférente puis on débouche sur une assez vaste salle aux volumes généreux rythmés par des colonnes. Une fête de la déco manigancée par Laurence Boussard qui a créé un décor en blanc, noir et rouge sang avec des lustres et appliques en pâte de verre aux bras gainés de velours chiffonné, de grandes images, entre peinture et photos, de voiture aux murs (on est au Mans). Tables rondes à 4/5 couverts, de quoi accueillir une bonne trentaine de convives, nappes et serviettes blanc écru, chaises-fauteuils un peu incommodes car assise trop sur l'arrière (cela est fréquent dans beaucoup de restaurants, car les décorateurs privilégient souvent l'aspect relativement à la fonction).
Accueil affable de la part de Frédéric Morançais, le sommelier maître d'hôtel. Les menus sont sous le signe du nombre 2 : le menu « Idées de saison » pour 42 euros ( E, P ou V, F ou D), le petit menu « Découverte » pour 52 euros (E, P ou V, F ou D), le grand menu « Découverte » pour 62 euros (E, P, V, F ou D). Je choisis le petit menu « Découverte » avec l'option poisson (et mon entrée sera aussi tirée de la mer). Il m'est proposé divers petits pains maison et je discute avec le sommelier du choix de vins au verre pour les différents plats.
En prélude au repas arrive une mise en bouche, baptisée la gourmandise, faite de 4 éléments disposés sur une assiette blanche, elle même posée sur une sous-assiette en faïence de couleur corail (de chez Montgolfier) : un gaspacho de tomate au basilic dans un gobelet en porcelaine, un capuccino de chou-fleur parsemé de ciboulette dans un petit verre, un flan au foie gras et gelée de groseille dans un petit ramequin et un tartare de saumon avec des petits oignons ciselés, un peu de ciboulette et un plumet de cerfeuil dans une petite coupelle. Tout cela est délicieux et augure bien de la suite. Le vin qui m'est servi dans un verre Mikasa (série Open up) pour ce début est un Jasnières, domaine de Cézin (François Fresneau, 72340 Marçon), 2004 : un chenin précis et vif qui développe ensuite de la rondeur en même temps que des arômes de fruits et fleurs blanches.
L'entrée est une salade de langoustine aux copeaux de parmesan. Les langoustines juste rôties sont servies dans leur jus en semi gelée entourées de mini légumes (céleri, poireau, carotte) cuits entre al dente et confit, des copeaux de parmesan et de radis et quelques coques complètent le tableau. Le Jasnières s'accorde très bien avec cette entrée. Le chef Olivier Boussard vient me rendre visite et nous bavardons un peu. Je m'étonne d'être seul en salle ce midi avec le personnel aux petits soins pour moi. Il m'explique que le restaurant vient de rouvrir après les congés d'été et que les habitués n'ont pas encore retrouvé leurs marques.
Le plat est un filet de barbue rôtie aux girolles (et lamelles de truffes) servi avec une simple purée. La portion est généreuse, la cuisson impeccable et les saveurs riches appellent un vin plus ample. Ce sera un Santenay blanc 1er cru du domaine Vincent Girardin (mais je ne retrouve pas la mention du millésime, ni du climat) dont le boisé se marie bien avec les effluves légèrement terreuses du plat.
Les gâteries arrivent sous la forme d'un avant-dessert fait de trois éléments : un petit financier, une pannacotta avec un coulis de mangue dans un petit verre, une guimauve au goût d'amande amère. Le sommelier me propose un pinot gris, vendanges tardives, domaine Schlumberger, cuvée Laure 2000, couleur vieil or intense, arômes de coing et de figue, gras et frais, épices en bouche.
Il conviendra parfaitement au dessert : un sablé breton sur un coulis de fruits rouges, entouré de framboises, une touche de crème, des quartiers de fraise, une tranche d'orange traitée en tuile, quelques pistaches font une transition colorée vers l'autre partie de l'assiette où est disposée une crème glacée à la vanille. Un excellent café de la Jamaïque, assez puissant et un peu terreux termine le repas. Avec 4 verres de vin et le café ma note se monte à 86 euros, ce qui reste raisonnable compte tenu de la belle qualité des vins.
Après une petie flânerie digestive (mais je n'ai pas le temps d'aller au musée des Beaux-Arts du Mans),je reprends la route et arrive en fin d'après-midi à Saint-Aignan, sur les bords du Cher, où je fais quelques courses avant de m'installer pour la soirée et la nuit dans la maison de mes amis à Faverolles près de Valençay.
Le Beaulieu
Laurence et Olivier Boussard
Place des Ifs
72000 Le Mans
02 43 87 78 27
site un peu succinct
(à suivre)
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