Vendredi 5 septembre

Il n'y a pas très long de Saint-Aignan à Clermont-Ferrand par l'autoroute passant par Vierzon , Bourges et Montluçon. Je suis aux portes de la ville vers midi et je file de là dans le petit village de Charbonnières-les-Vieilles au pied du Gour de Tazenat pour rendre visite à Fusions, une fonderie d'art avec laquelle je suis en relation. Ce Gour de Tazenat est ce que les géologues appellent un « maar », c'est-à-dire un lac circulaire d'origine volcanique aux parois assez abruptes résultant de la rencontre explosive entre une remontée de magma et une nappe phréatique. Je repars bientôt en direction du puy de Dôme au sommet duquel le convivium Auvergne de Slow Food , Volca'Niac, nous a donné rendez-vous pour des ateliers de dégustation de fromages en prélude à l'université d'été de Slow Food qui commence demain et a pour thème « les fromages au lait cru ».

Du haut de ses 1.464 m augmentés de la hauteur de la tour de télécommunications qui le surmonte, le puy de Dôme aimante le regard de loin. La montée depuis le parking du bas a ce caractère inexorable qui en a fait une étape mythique du Tour de France. La vue, sans être totalement dégagée cet après-midi, porte quand même assez loin et l'on distingue bien les autres puys et, parmi d'autres, le Meyzenc que j'avais gravi il y a quelques années.


Je rejoins le groupe des slowfoodiens pour le second atelier du goût sur le thème « Cru, pas cru, qui l'eût cru ». La région Auvergne, grand productrice de fromages de vache, est au cœur de cette question du lait cru qui agite pas mal les producteurs et les distributeurs ainsi que les amateurs en ces temps où deux grands groupes laitiers ont voulu imposer un changement du cahier des charges du camembert AOC en faisant admettre qu'il puisse être fabriqué à partir de lait pasteurisé.

Au-delà de la bataille pour s'opposer à la standardisation des goûts qui est à l'œuvre, il s'agit aussi de savoir si cette évolution laissera une place aux producteurs fermiers qui fabriquent le fromage sur place dans l'exploitation et ne livrent pas leur lait à des circuits de ramassage qui tendent à s'allonger à mesure de la disparition des petites ou moyennes unités de fabrication, ce qui rend le recours à la pasteurisation et autres techniques de stérilisation presqu'obligatoire. Nous en débattrons pendant 2 jours avec des éclairages venant de scientifiques, de producteurs et de fromagers.

Redescente vers Clermont-Ferrand, installation dans les hôtels et virée au centre ville qu'il est facile d'atteindre en tramway sur pneus (on est dans la ville de Michelin). Les membres de Volca'Niac ont bien fait les choses et une pittoresque permanence d'accueil est établie dans une vieille maison du vieux Clermont avec un généreux buffet de charcuteries, fromages et vins d'Auvergne.

Samedi 6 septembre

Nous nous retrouvons à la Maison de l'habitat où, après une réunion plénière pour traiter des questions relatives à la marche de Slow Food France, nous nous répartissons en 3 groupes de travail sur des sujets plus techniques puis nous réunissons pour une table ronde avec trois intervenants. Après un buffet où les produits de belle qualité de producteurs locaux sont bien mis en valeur, nous partons par petits groupes pour rendre visite à des laiteries et fromageries des environs.

Je suis dans un groupe qui se rend dans une ferme de la Limagne à Montgacon près de Maringues qui élève une race particulière de vaches à la robe grise originaire d'Autriche et de Suisse (c'est la Brune des Alpes) et élabore, à partir de lait cru, un délicieux gaperon, ce fromage en forme de dôme et aromatisé à l'ail rose d'Auvergne. (voir le site)


Nul doute la fermière, Patricia Ribier, a le coup de main et ses fromages frais ou affinés sont délicieux (comme ses enfants, Sylvain et Élodie, qui nous ont accompagné pendant toute la visite).

Retour à Clermont-Ferrand en fin d'après-midi pour un astucieux dîner itinérant original et pittoresque. Au lieu de concentrer la centaine de convives dans une salle avec les inconvénients que cela comporte (émiettement et isolement par tablée, bruit ....) chacun a reçu une feuille de route avec un lieu précis (parmi une dizaine) et une heure de rendez-vous dans le centre ville ainsi qu'un plan détaillé avec un notice sur chaque lieu.

Pour ma part, je dois me rendre à la boucherie Gauthier à 19 h pour l'apéritif. J'y retrouve une dizaine de Slow-foodiens. Le patron et son épouse ainsi que leur équipe nous reçoivent avec gentillesse en nous offrant un délicieux tablier de sapeur sauce gribiche avec une brioche aux grattons accompagné d'un chardonnay des Côtes d'Auvergne. Les contacts se nouent facilement dans ce contexte.

Vers 19h45 chacun se voit remettre une nouvelle feuille de route avec une destination différente pour chacun. Le petit jeu de piste recommence, nous croisons d'autres Slow-foodiens occupés à chercher leur chemin, ce qui permet de visiter le centre ville qui comporte des bâtiments fort intéressants à commencer par sa cathédrale N.-D. de l'Assomption en pierre noire de Volvic Et c'est justement dans un magasin avec vue sur la cathédrale que je suis reçu pour l'étape suivante : cela se passe chez Olivier and Co (huiles d'olive, épices et produits fins) où nous attend un omble chevalier fumé aux agrumes servi avec une purée d'aubergine et un morceau de poivron et accompagné d'un chardonnay 2006 de Noël Bressoulaly à Authezat. Le temps de faire un peu connaissance avec les convives et le moment est venu de se séparer après remise de la feuille de route suivante.

J'ai rendez-vous à 21h chez Frédérique, une adhérente du convivium Volca'Niac, qui accueille merveilleusement chez elle et nous régale d'un petit salé aux lentilles blondes de la Planèze de Saint-Flour (un produit sentinelle Slow Food) accompagné d'un Côtes d'Auvergne de Châteaugay.

Après ce dernier plat convergence générale des groupes vers un café possédant une vaste cave qui nous a été réservée. Un duo de musiciens, violon et accordéon, joue avec conviction et pour ceux qui auraient un petit creux des plateaux de fromages circulent. Il y a du vin et des desserts et les conversations se nouent facilement entre les personnes qui se sont vues à l'une ou l'autre des étapes.

(à suivre)