Dans notre beau midi (que le monde entier nous envie) il n'est pas question de laisser sa voiture en plein cagnard quand on la gare près de chez soi. Comme mon allée manque de grands arbres sous l'ombre protectrice desquels se placer, j'ai pris l'habitude de monter chaque année le printemps venu un abri de toile de 3 à 4 m sur 3 m. J'en avais un, acheté il y a trois quatre ans en promo dans une grandes surface, et il avait supporté le grand soleil, le vent, la pluie, les démontages et remontages même s'il avait fallu renforcer certaines attaches et faire usage d'adhésif pour consolider des emboîtages. Il a fini cependant par rendre l'âme, si on peut parler comme le poète d'un tel objet, au niveau d'une pièce de jonction en plastique et je me suis mis en quête d'un nouvel abri.

Je pensais en trouver en promo dans une grande surface. Je prospecte un peu et je me rends compte que le type d'abri que je recherche n'est plus trop à la mode, les modèles sont plus grands ou plus petits, plus sophistiqués ou plus simplistes et que je ne vais pas retrouver facilement un remplaçant similaire à celui que j'avais. Sur la foi d'un prospectus déposé dans ma boîte à lettres, je finis par aller à la Foir'fouille de la route de Nîmes où, dans le désordre bien connu de ce genre d'établissement, je recherche l'abri qui semble correspondre à mes besoins. Manque de pot y en a plus car mon prospectus est celui de la quinzaine précédente mais il y aurait un modèle presqu'équivalent mais un peu plus cher cette quinzaine, sauf que quand on le cherche le lot est épuisé (ah! Si vous étiez venu hier mon bon Monsieur) mais il se pourrait qu'il y en ait à l'autre Foir'Fouile, celle de la route de Toulouse.

Une nuit de repos pour récupérer des fatigues de l'expédition et je me pointe le lendemain matin au lieu indiqué. Aidé par le gérant je trouve le lot de que, dans ma simplicité, j'appelai un abri en toile ou une tente ou un dai ou une pergola et qu'on doit désigner maintenant par le nom de barnum. Allons y pour un barnum. Je vérifie que les dimensions correspondent bien à la place dont je dispose et je dois me contenter de l'image plutôt flatteuse du dispositif qui figure sur l'emballage pour me faire une idée de ce que je vais acheter (pas de modèle monté en démonstration, pas de possibilité d'ouvrir le paquet pour examiner la solidité des tubes, l'épaisseur de la toile et autres qualités). Je paye et j'emporte le paquet.

Rien à redire pour le montage, la notice consiste en dessins montrant dans quel ordre les tubes numérotés doivent être emboîtés et clipsés. Aidé par mon apprenti jardinier, je parviens en une petite heure à dresser le barnum. Je renforce par des piquets de tente qui me restent du dai précédent les fixations des embases et des haubans. Les tubes me paraissent assez grêles aussi bien pour leur diamètre que pour l'épaisseur du métal. Une fois monté l'ensemble est presqu'aussi joli à voir que sur la photo du paquet et, s'il me paraît un peu fragile, je me dis que quelquefois la souplesse d'un bâtiment lui permet de mieux résister aux rafales que des constructions plus lourdes et plus rigides et puis que nous sommes à Montpellier et pas dans les Caraïbes en zone de cyclone tropicaux.

La première semaine qui suit semble confirmer ce point de vue, vents légers ou moyens et le barnum oscille souplement, grâcieusement même, dans l'air. En deuxième semaine, le vent force un peu plus et le frêle édifice prend un air penché, je me rassure en pensant que la tour de Pise a le même air et que ça fait longtemps que ça dure. Une nuit les rafales se font plus fortes et au matin je constate qu'un des longs tubes horizontaux a flambé (1) et s'est plié. Ayant conservé les tubes plus solides de la pergola précédente, j'entreprends de redresser le tube plié et je le consolide par une attelle faite d'un de ces tubes de réserve que je fixe par de l'adhésif. Je procède à la même opération sur l'autre long tube homologue, je redresse l'ensemble de l'ossature et l'arrime par du fil de fer aux branches des arbres proches. Je pense que je suis tranquille pour la saison.

En troisième semaine une tramontane soutenue s'établit et un matin je retrouve le barnum sens dessus dessous. Je prends quelques photos (à venir) pour la postérité et je profite d'une accalmie pour redresser chaque tube plié, le consolider par une attelle et remettre les appuis en place. J'ai le sentiment que le barnum ainsi consolidé (et qui a doublé de poids) devrait résister aux rafales d'une tramontane certes un peu forte mais relativement commune ici. En revanche, il devient indémontable car les tubes principaux de l'ossature sont tous doublés par d'autres tubes fixés par de l'adhésif. Je pense que pour l'automne et l'hiver je vais laisser en place l'ossature de tubes et enlever la toile que je remettrai en place au printemps suivant si elle résiste jusqu'à la fin de l'été. Comme l'indique le titre de ce billet Foir'Fouille rime bien avec merdouille (2). Ce que c'est que de tirer toujours plus les prix vers le bas, en important massivement de pays où la qualité (même minimale) n'est pas le souci premier des fabricants.

  1. flambé au sens mécanique (flambage)
  2. j'ai idée que la commission d'enquête qui recherche les raisons de l'écroulement du pont autoroutier de Minneapolis ferait bien de vérifier si ce n'est pas la Foir'Fouille qui l'a vendu