Le Blogue d'Igor

"Heureux ceux qui se regardent avec humour car ils n'ont pas fini de rigoler ..." Lao Tseu

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lundi 1 octobre 2012

La pensée d'octobre 2012

On attribue à Pierre Desproges la réflexion suivante : "On peut rire de tout mais pas avec tout le monde". Il semble qu'il se serait plutôt interrogé au cours d'une séance du Tribunal des flagrants délires sous la forme : 

"Premièrement, peut-on rire de tout ?

Deuxièmement, peut-on rire avec tout le monde ?"

 

Pierre Desproges était à Montpellier la semaine dernière. Je veux dire que le theâtre des 13 Vents accueillait le spectacle de Michel Didym "Chroniques d'une haine ordinaire" tiré du recueil portant le même titre paru au Seuil et rassemblant les textes de ses monologues diffusés en 1986 sur France Inter.

Cela m'a donné envie de vous servir quelques citations de son abondante production qu'on peut retrouver  dans la vingtaine d'ouvrages et de recueils parus le plus souvent au Seuil dans la collection Points ou encore trouver dans son site.

La culture, c’est comme l’amour. Il faut y aller par petits coups au début pour bien en jouir plus tard.

Tout petit, je voulais être célèbre et je ne faisais rien pour. À l’école, je m’avérais très vite un élève inexistant. Par goût. J’ai toujours été persuadé – je le suis encore – que les diplômes sont fait pour les gens qui n’ont pas de talent. Malheureusement, il ne suffit pas de ne pas avoir de diplômes pour avoir du talent.

Il y a une coutume du spectacle qui me gonfle singulièrement, c’est les rappels. C’est totalement absurde, les rappels.Enfin, écoutez, dans la vie normale, dans la vie courante, quand un mec a fini son boulot, qu’est-ce qu’il fait ? Il ne revient pas, il dit au revoir, et il s’en va… Enfin, on n’imagine pas un plombier, re-sonnant à la porte, après avoir réparé une fuite, juste pour refiler un petit coup de clé de douze

Pourquoi ? Pourquoi cette fausseté dans les rapports humains ? Pourquoi le mépris ? Pourquoi le dédain ? Où est Dieu ? Que fait la police ? Quand est-ce qu’on mange ?

mercredi 1 décembre 2010

En avant les zygomatiques....

Après avoir écrit à quatre mains avec Pascal Bruckner un livre qui a fait date, Le Nouveau Désordre amoureux (éd. du Seuil, coll. Fiction et Cie, 1977), Alain Finkielkraut nous avait donné en 1979 dans la même collection du même éditeur un livre pétillant Ralentir : mots-valises ! qu'il avait repris et augmenté en 1981 dans le Petit fictionnaire illustré (en édition de poche au Seuil) Il en explique le principe dans sa préface. On procède en deux temps :

  • « fusionner deux termes afin que naisse un petit bâtard bizarre (puisqu'il ne se rencontre dans aucun dictionnaire....) et familier (puisqu'on reconnaît en lui la présence des deux mots d'origine) »
  • « chercher ensuite une définition à ce terme inédit. En mélangeant les significations des mots qui sont enfermés dans votre valise, vous ferez advenir un sentiment compliqué, une réticence impalpable, un animal chimérique, ou un concept fou.... »

Il ajoute « On peut s'intoxiquer aux mots-valises, et il y a, confessons-le, des risques élevés d'accoutumance. Comment retourner avec plaisir à l'ordre établi, quand vous avez vu s'estomper les frontières entre les vocables, et se recomposer sous vos yeux un trésor verbal fait de mélanges incongrus, criards, ou très doux. ».

Quelques exemples tirés de l'ouvrage de Finkielkraut, parmi plusieurs centaines :

 

cafardeux : couple qui s'ennuie

 

pédarogue : professeur aigri par l'indifférence de ses classes

 

constipassion : amour timide qui n'arrive pas à se déclarer

 

Un autre que j'avais commis à la fin des années 70 (du XXème siècle)

 

ovairedose : mourir d'amour

 

Le mot-valise n'est pas passé de mode et certains auteurs restent très actifs comme Alain Créhange ( Le pornithorynque est-il lustré ?  Fage éd., 2010  et dont le site vaut la visite) qui a proposé un superbe mot-valise obtenu par le simple ajout d'une lettre :

 

émigraine : mal de tête venu d'ailleurs

 

On ira voir avec intérêt le site de cet auteur qui définit simplement le mot-valise comme un mot constitué par l'amalgame de la partie initiale d'un mot et de la partie finale d'un autre :  ex. franglais. Il en fait remonter cette pratique à Lewis Caroll avec ses "portmanteau words"

 

Le mot-valise n'est pas forcément humoristique ou insolite. L'américain en fabrique couramment pour désigner de nouvelles notions ou pratiques : ainsi motel venant de la contraction de motor car et de hotel.

 

Il convient de distinguer le mot-valise de la contrepèterie qui opère par interversion de lettres ou de syllabes dans une phrase afin d'obtenir une autre phrase qui ait un autre sens, de préférence burlesque ou grivois. Le fait est, qu'avec la contrepèterie, on échappe rarement à la gauloiserie ou à la scatologie. On peut se lasser de sa pratique, c'est affaire d'état d'esprit, même s'il y a eu d'illustres prédécesseurs comme Rabelais avec son célèbre « femme folle à la messe ».

 

Autre distinction, les jeux sur les mots par distorsion phonétique, approximation et autres à peu près teintés d'un bon sens naïf en apparence comme le pratique, en l'assortissant de dessins, le collectif SUMOUPS (DePa dessinateur, Marco scénariste, Serge webmaster) très inventif en ce moment. Exemple de leur production (sans les dessins) qui se présentent avec un personnage central dessiné en situation à gros traits entouré de deux bulles qui contiennent à gauche le début d'une phrase ou une question et à droite sa suite ou la réponse :

 

Au Pôle nord, les prostituées/font du tapin à glace

 

Quand on va en vacances pour bronzer/Ce n'est en fait qu'un hâler-retour

 

Pour stimuler l'appétit sexuel/Il faut de bonnes recettes câlinaires

 

Le langage des signes n'est pas plus clair/Parce qu'on a des ampoules aux mains

 

On peut rapprocher cette forme d'humour, à base de fausses évidences, d'aphorismes sentencieusement détournés et d'ahurissement apparent, de celle pratiquée depuis 1983 par Philippe Geluck avec son personnage « Le Chat » et à ce courant de dessinateurs humoristes dont Charles M. Schulz est le plus célèbre représentant (Snoopy et les Peanuts, Charlie Brown....).

 

Petit rappel : si vous cliquez sur un mot ou un groupe de mots en rouge vous accédez au site Internet évoqué