Naturellement (après un déménagement qui m'a occupé ces derniers mois), je reprends la tenue du blogue et en particulier la mise en ligne de la pensée du mois.
Les mélomanes connaissent le plus souvent les Histoires
naturelles de Jules Renard par le choix de cinq d'entre elles par
Maurice Ravel pour les mettre en musique parmi les quatre-vingt-trois
publiées en 1896 par l'auteur de Poil de Carotte.
Les mélodies de Ravel sont un enchantement de précision et
d'intelligence du texte que tout baryton digne de ce nom se doit
d'interpréter, mais la barre est haute..... Les textes mis en
musique sont de taille moyenne, d'environ une demie page, soit la
dimension d'une poésie de quelques strophes, même si, ici, il
s'agit de prose. Je n'ai pas connaissance que d'autres musiciens
aient mis en musique d'autres Histoires naturelles (ou les mêmes),
contrairement à ce qui se passe pour Verlaine dont certains poèmes
ont été mis en musique par deux, trois ou quatre musiciens.
Ces cinq textes sont soit des portraits serrés d'un animal (plus
proche de ceux des humains par La Bruyère que de ceux des animaux
par Buffon), soit de petites scènes croquées vivement avec leur
dramaturgie et leur surprise finale. On a pu dire qu'il « humanise
les animaux et animalise les hommes ». L'auteur est présent
par le point de vue dont il regarde la scène et par la façon dont
il démythifie ce qui est conventionnellement poétique, ce qui
n'exclut pas l'émotion, mais sans pathos, comme dans Le
Martin-Pêcheur.
Les soixante-dix-huit autres Histoires naturelles se prêtent
moins ou pas, à quelques exceptions près, à cette mise en musique
et on remarquera la sûreté des choix de Ravel. Leur taille va de
quatre pages et demi pour Les Perdrix à une demi ligne pour Le Geai
en passant par trois pages pour Poissons ou pour Dédèche est mort.
Je ne peux que vous inciter à lire ces Histoires naturelles par tout
moyen à votre portée (achat, emprunt, vol...). Et je ne résiste pas à l'envie de citer les cinq mots qui constituent Le Geai : "Le sous-préfet aux champs". Plus bref qu'un haïku !
Ensuite, il sera temps de vous pencher sur le Journal, mais c'est
une autre..... histoire.
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