Non, ce n'est pas un commentaire des résultats du premier tour de la présidentielle 2007 (Sarko/Ségo) mais un commentaire sur un repas au Séquoïa. On y est allé le lundi 16 avril avec les ami(e)s au sortir de quatre jours de dégustations variées au Salon du goût et des saveurs d'origine qui a tenu pour moi toutes ses promesses (j'ai participé à 13 ateliers de dégustation et organisé l'atelier risotto/yucca). Il nous fallait une cuisine raffinée et stimulante après cette rafales de sensations. Voilà un beau et bon resto. Ouvert en 2001, il a été conçu pour cela, situé au bord du bassin Jacques Cœur à Port-Marianne. On peut y manger en terrasse, bercé par les grenouilles le soir, ou rester à l'intérieur dans un décor contemporain qui conjugue espace et intimité et fait de matériaux sinon précieux mais toujours de belle qualité : métaux travaillés, verres gravés et colorés, bois exotiques (ah, ce magnifique contrefort poli d'arbre tropical), mobilier original, quelquefois tarabiscoté, touches ethniques et tropicales. Visiblement, tout ça ne vient pas de chez Pier Import.
Assis à six autour d'une table ronde en verre épais dont les bords avaient été soigneusement ébréchés à la pince, nous avons choisi le menu solstice à 39 euros qui propose un choix parmi 3 entrées, 4 plats et 3 desserts. Ayant choisi la création de saison, je vis arriver une belle brochette de gambas et de saint-jacques sur une crêpe d'épeautre cependant qu'était servies des lanières de magret mi-cru avec un gastrique au poivre doux Telichery et taboulé fraîcheur de quinoa et quinoa. Pour plat, je portais mon choix sur des piccatas de filet de porc des montagnes en kebab, mouillettes surprise (en fait de petits nems sur des œufs brouillés) et fèves aux tomates confites : l'ensemble était très joliment présenté sur une pierre d'ardoise. Cependant, on servit aussi des filets de bar demi-sel, croustillant de tourteaux et idée légère de choucroute au fenouil confit. Au dessert, je fus tenté par le gaspacho de fruits frais et nems de chocolat chaud avec crémeux mascarpone à la fève de tonka cependant que le coulant tout chocolat, tradition séquoïa, crème glacée à la vanille de Papouasie recueillait aussi des suffrages. Le vin choisi (Côtes du Rhône, Laudun blanc, 2003, domaine Pélaquié, clairette, bourboulenc, grenache blanc, viognier, roussane) se révéla suffisamment polyvalent pour s'adapter à nos choix culinaires : assez frais avec du gras, arômes de fruits blancs, un peu de miel. La carte propose des vins au verre pour accompagner les desserts : je me laissai tenter par la cartagène ambrée du mas Jullien qui se révéla parfaite en telle situation.
Nous avons à faire à un restaurant qui affiche une classe certaine, les formulations utilisées sur la carte sont quelquefois un peu maniérées mais les réalisations, aussi bien les présentations superbes que la maîtrise des saveurs, sont à la hauteur. Le chef, Yann Rio, manie les épices avec doigté et précision. La visite du site Internet du restaurant est révélatrice : tout est luxe, calme et volupté, un alliage de couchers de soleil tropicaux et de montagnes zen. Petit problème d'égo, il pense visiblement qu'il vaut mieux dire du bien de soi plutôt que d'attendre que les autres en disent du mal. D'où des phrases comme : « son succès est dû à l'originalité de son chef ainsi qu'à une homogénéité dans le concept rarement égalée » ou « cet artiste dans tous les sens du terme s'est entouré des meilleurs désigners pour la confection du décor qu'il a imaginé » ou encore « ses inventions culinaires jouant sur la subtilié des saveurs offrent aux épicuriens la plus grand satisfaction ». Petit péché de jeunesse d'un chef qui a réalisé un rêve après un parcours dans d'excellentes maisons et nous en fait profiter. Seul petit bémol, j'aime bien emporter une copie de la carte des restaurants où je vais pour mieux me souvenir des choix proposés et pouvoir les commenter pour votre plaisir. Il est rare que ma demande se heurte à un refus. Cette fois, ce fut le cas, le serveur m'expliquant que le chef ne voulait pas être copié. Légère parano ? C'est surprenant à ce niveau avec une carte qui évolue tous les quinze jours. On reviendra quand même, pour mieux examiner la carte des vins dont je ne vous ai pas parlé.

Le Séquoïa
148, rue de Galata
Port Marianne
34000 Montpellier
04 67 65 07 07
formules le midi à 19 euros et 24 euros, menu 39 euros
fermé mercredi, samedi midi, dimanche
site Internet planant