La dégustation de vieux millésimes est un exercice à nul autre pareil, entre méditation et déception, entre dépouillement et plénitude. Il y a un vrai risque à mettre sur la table une dizaine de flacons anciens (disons plus de quinze ans) car il est impossible de savoir à l'avance si tel ou tel cru de bonne, d'excellente réputation se montrera à la hauteur de celle-ci. D'autant que ne les ayant pas achetés personnellement à leur mise sur le marché et ne les ayant pas conservé soi-même dans de bonnes conditions dès le début, il est difficile de savoir si toutes les chances ont été préservées. Il n'est pas rare que sur un lot, une ou deux bouteilles n'aient pas un problème de bouchon ou de décharnement. C'est tout le charme et le frisson de la dégustation de vieux flacons.
C'est en ayant cela à l'esprit qu'il convient de saluer la superbe dégustation « Les vins de légende n°8, vieux flacons » qui nous a été proposée par l'Épicuvin le samedi 21 avril 2007 pour clôturer le 1er trimestre 2007. Daniel Roche avait réuni 7 références de rouges de millésimes s'étageant entre 1987 et 1948 : un Chinon, deux Bordeaux, quatre Bourgogne. Le tableau était complété par un Châteauneuf du Pape blanc de 1987 en début de dégustation et, en fin de dégustation, par un Maury de 1978 du Mas Amiel et par un Montilla-Moriles extra-vieux (sur une solera de 1922). Le compte rendu complet de la dégustation se trouve dans le site de l'Épicuvin (voir "mes liens" dans le menu du présent blogue et clic sur Epicuvin).
Je veux d'abord souligner qu'aucun des vins servis n'avait de défaut ou n'était altéré par les ans, tout se situait à un très haut niveau et je veux parler de deux vins que je qualifierai de simplement divins.
Le premier est un Volnay Caillerets 1er cru Clos des 60 ouvrées, 1969, domaine de la Pousse d'Or : limpide, brique ambré/nez de fruits cuits : cerises, pruneaux, pétales fanés, sous-bois/ attaque ronde, belle fraîcheur, arômes de tabac, tanins en dentelle/ un vin de grande finesse, bouquet complexe, acidité bien enrobée, très bel équilibre, très long en bouche.
Le second est un Corton Grand cru, 1948, maison Poulet père et fils : limpide, brique/ notes de moka, sous-bois, cuir/ attaque douce, assise acide, arômes de fruits cuits, extrêment long en bouche/ bouche extraordinaire, proche de la perfection.
Quelle émotion que cette dégustation.