La pensée de ce mois d'août est une citation de Vladimir Nabokov, cet immense auteur russe devenu américain après une escale à Berlin, un bref passage par Paris et un séjour à Londres, devenu célèbre sur le tard sur un malentendu, la réception de son roman « Lolita », un petit arbre qui cache la forêt de son œuvre. Lisez simplement « Ada ou l'ardeur » et vous ne pourrez plus vous passer du reste de ses écrits (une vraie drogue).

 

« Laissons les crédules et les vulgaires continuer à croire que toutes les infortunes mentales peuvent être guéries par une application quotidienne de vieux mythes grecs sur les parties intimes de leur individu » (Intransigeances).

On retrouve cette citation en mode dégradé dans plusieurs sites, notamment à l'occasion de la polémique qui a entourée en 2010 la parution du livre de Michel Onfray « Le crépuscule d'une idole – L'affabulation freudienne »

 

« La psychanalyse : une application quotidienne de vieux mythes grecs sur les parties génitales »

 

Je crois qu'il est utile de replacer la citation de Nabokov dans un contexte plus large. Un essai de Maurice Couturier paru en 2004 aux éditons Champ Vallon (01420 Seyssel) sous le titre « Nabokov ou la cruauté du désir – Lecture psychanalytique » y contribuera grandement. Je cite quelques passages de l'introduction, on se référera aux extraits du livre pour en savoir plus.

 

« On sait les préventions de Nabokov à l'égard de la psychanalyse et de Freud, qu'il qualifiait de charlatan. Dans nombre des ses interviews et dans pratiquement toutes les préfaces des traductions anglaises de ses romans russes, il met en garde les critiques qui seraient tentés d'utiliser l'outil psychanalytique pour analyser ses œuvres. Ces mises en garde, répétées avec une telle assurance et une si sanglante ironie, ont pour effet de décourager même les plus hardis parmi ses exégètes d'utiliser cette approche..... Nabokov n'avait que mépris pour l'utilisation selon lui du symbolisme et pour sa tendance à tout ramener au sexe, ce qui peut prêter à sourire lorsqu'on se rappelle la place qu'occupe le sexe dans son œuvre. »