Les Sentiers gourmands en Clape vigneronne se déroulaient cette année le dimanche 20 mai à partir et autour du château Laquirou et y revenaient au terme de la sixième étape pour un dessert en musique. Ciel couvert, entrées maritimes, fraîcheur favorable à la marche et à la dégustation, cette année le chapeau de paille offert par les organisateurs n'était pas vraiment nécessaire. Le paysage autour du château Laquirou est splendide et les étendues de garrigue couvertes La Clape paysage Rouquettede cistes à petites fleurs blanches y sont pour beaucoup. Ce jour-là les effluves des genêts en fleurs portaient loin et la bourrache mettait par endroit une touche de bleu intense sous le ciel gris. Les sols autour de Laquirou sont particuliers puisque dans cette Clape principalement calcaire, il court ici une large veine gréseuse qui se décompose par endroit en sable et qui explique la présence de végétaux adaptés aux sols acides, comme la bruyère. Cette zone est un paradis pour l'amateur de plantes et la date choisie pour ces Sentiers gourmands tombait en pleine floraison de fin de printemps avant la sécheresse de l'été.

Le menu proposé par Marc Schwall (les Cuisiniers vignerons, Narbonne) était bien tentant et permettait des accords très intéressants avec les vins de la Clape, blancs, rosés ou rouges. On sait qu'au sein de l'appellation Coteaux du Languedoc, les vins de la Clape ont une personnalité due au terroir caractérisé par une faible pluviosité et par des fraîcheurs nocturnes en été grâce à la proximité de la mer. Les cépages bourboulenc (pour les blancs) et mourvèdre pour les rouges y sont à l'aise et contribuent à la typicité des vins. Sur les 36 domaines de l'appellation 26 étaient présents ainsi que 2 caves coopératives sur les 4 ayant des cuvées du terroir de La Clape, chaque domaine ou cave étant représenté par un de leur vin à l'une des étapes. À chaque arrêt, on pouvait ainsi se faire servir les quatre à six cuvées proposées debout devant les barriques servant de comptoir avant de jeter son dévolu sur l'une d'elles pour accompagner le plat de l'étape. D'un bout à l'autre du parcours ambiance familiale et bon enfant parmi les participants et accueil aimable de la part des producteurs. Possibilité d'achat avec une petite ristourne en fin de circuit.

Je citerai les vins que j'ai choisi à chaque étape en pensant qu'ils devaient être en bon accord avec le plat et, faute de place, je ne parlerai pas ici des autres qui sont loin d'avoir démérité et que je vous invite à aller déguster sur place en frappant à la porte des domaines. Vous pouvez aussi rendre visite à certains des sites internet des domaines, ils en valent la peine, j'en indique en fin de ce billet. Tous les vins cités sont, par définition, des AOC Coteaux du Languedoc, La Clape ; aussi je n'indiquerai que le nom du domaine, le nom des vigneron(ne)s,la couleur, éventuellement le nom de la cuvée, le millésime et les cépages ainsi que le prix.

Le Belvédère : crème de petits pois à l'huile d'olive, salade de jambon et fèves à la tomate confite ; je l'accompagne du blanc 2006 du domaine de l'Abbaye des Monges (Paul et Marie-Claude de Chefdebien), bourboulenc majoritaire/roussanne, rolle et un peu de viognier ; frais avec du gras, arômes de lychee avec une petite pointe anisée ; 6,20 euros.
Les Lapins : brandade de rougets barbets, pommes grenaille à l'ail, pain frais à l'huile d'olive de Narbonne ; mon choix se porte sur le blanc 2006, Albus, du château Laquirou (Erika Hug-Harke), bourboulenc/grenache blanc/roussanne à parts égales ; de la vivacité, du gras en bouche et des arômes d'agrumes ; 7 euros.
La Bouède : gâteau de merlan de nos côtes, en bisque bouillie au safran ; je me décide encore pour un blanc bien que de charmants rosés nous aient été proposés : blanc 2005, Coteaux, du château d'Anglès (Éric Fabre), bourboulenc/ grenache blanc/ roussanne/marsanne, élevé en barrique avec bâtonnage sur lie ; belle fraîcheur, du gras, une certaine ampleur, bon équilibre; 6,90 euros.
Le Petit bois : caille marinée aux baies de cade, réduit de vin rouge à la fleur de thym, risotto d'épeautre ; l'heure du rouge est arrivée, même si l'étape est un peu frigorifiante avec un vent frisquet qui souffle à cet endroit ; six vins étant proposés, je répartis mes suffrages entre le rouge 2005, cuvée du Figuier du château de Figuières (Sylvie Dupressoir, dixit) ; syrah 70/grenache 10/carignan 10/mourvèdre 10, à la jolie structure avec des tanins fins, 5 euros et le rouge 2005, cuvée Falaise du château La Négly (Jean Paux-Rosset), syrah 50/grenache 40/ mourvèdre 10, ample et rond, 15,50 euros.
Les Champs rouges : fromages de chèvre du Mas Combebelle ; je me partage entre le blanc 2005 du domaine de la Fée Bistande (Annie Rambaud), bourboulenc 85/ grenache blanc 15, sensation un peu réglissée, léger miel, fine amertume en finale, 6 euros et le rouge 2004, cuvée Planteur, du domaine Sarrat de Goundy (Claude Calix), syrah 50/grenache 20/carignan 15/ mourvèdre 15, élevé 12 mois en fût, un peu fumé, tanins fins, bouche gourmande, 8 euros.
Arrivée au château Laquirou : pomme caramélisée de Tourouzelle, sablé à la fleur de sel, sirop au romarin ; mon choix se porte sur le blanc 2004, terroir de la Clape, du château d'Anglès (Éric Fabre), bourboulenc/grenache blanc/roussanne/ marsanne, élevé en fût, fin et réglissé, 11,90 euros.

Difficile de partir sans acheter quelques bouteilles des vins que j'ai préféré. Cela permettra de patienter jusqu'à l'an prochain pour la cinquième édition des Sentiers gourmands. Passez donc en goûter certains ...

La photo qui illustre ce billet est tirée du site (côté professionnel) du château Rouquette sur Mer que je remercie.

Le site du syndicat des producteurs de La Clape (http://www.clape.net) est intéressant à consulter pour l'histoire, la géologie, le climat et les cépages de l'appellation. Les fiches de 18 domaines y figurent dont la moitié ont un renvoi vers le site propre au domaine. Certains d'entre eux sont bilingues, voire trilingues, et beaucoup sont remarquablement réalisés ce qui prolonge ou prépare, selon les cas, le plaisir de la visite.