C'est mon amie Marie-Jo, tenancière de la page culturelle dans l'édition de Nîmes d'un quotidien du sud, qui me l'avait signalé. Cela m'avait mis la puce à l'oreille car ce n'est pas tous les jours qu'un spectacle s'intitule "La cuisine du père Igor". Intrigué/aguiché par ce titre, j'étais allé à la pêche aux renseignements et j'avais ainsi su que c'était un dîner-spectacle sous-titré "opéra-bouffe" (ah! ah!) joué par la Mauvaise Compagnie et que cela se passait chez Véro qui est l'ancienne cave coop de Congénies (entre Sommières et Nîmes) transformée en lieu de spectacle (projecteurs, sono, estrade) et où on sert à manger sur de grandes tables. J'avais donc entraîné quatre amies en ce samedi 24 mars.
Le lieu assez vaste se remplit assez rapidement, l'air se charge de fumée et cela ne fait que croître (sans embellir) pendant toute la soirée. Atroce de voir cette belle jeunesse qui se ruine la santé par tablées entières sans souci des voisins (comme nous a dit un des fumeurs, ce n'est pas encore interdit, alors on y va, on a jusqu'à février prochain). Aucun secours à attendre des organisateurs qui auraient trop peur de perdre un client et ne voudraient pas faire de peine aux fumeurs en leur demandant de se modérer (vous n'y pensez pas, on n'est pas flics et cela ferait fuir notre clientèle, ce qui revient à dire que nous ne faisons pas partie de la clientèle ...)
En attendant que le spectacle ne commence, on grignote ce qui est dans des coupelles de terre cuite : quelques cacahuètes, des biscuits apéro de supermarché et surtout pas d'olives alors qu'on est en pleine zone de production, c'est bon et pas cher une lucques ou une picholine, non ? On commande un blanc pour siroter en guise d'apéro : peu aromatique, très acide. Commence le spectacle. À part le titre peu d'intérêt : intrigue poussive, humour laborieux, message fumeux, jeu approximatif, mise en scène filocheuse, gros effets qui tombent à plat et long avec ça, long, interminable et les autres qui fument toujours. Au bout de deux heures le spectacle se termine, par charité je ne donnerai pas le nom de celui qui l'a écrit, ni celui de celle qui l'a mis en jeu, ni de ceux et celles qui tentèrent de faire vivre leur personnage.
Arrive le repas. Deuxième bonne surprise de la soirée (la première était cette bouteille apportée par Martine, la cuvée "Rouge" du domaine de Combis) : le plat (une goulash bien épicée) est savoureux. On demande du vin rouge pour aller avec, arrive une piquette encore plus infecte que ne l'était le blanc. L'amie Martine va aux renseignements et questionne habilement la serveuse pour savoir qui fournit cette atroce bibine qui déshonore la viticulture de notre région. Nous obtenons quelques détails : c'est le domaine G.....d d'Aigues-Vives qui leur fournit le liquide en question en bib. Je me livre à un petit calcul: on trouve de très bons vins de pays en bib à 25 euros les 10 l soit 2,5 euros/l. Avec un litre on sert dix verres correctement remplis (soit 0,25 euros par verre) et on se ruinerait pas chez Véro en servant du vin correct , c'est donc plutôt au mieux de l'indolence ou au pire de l'incompétence. Nous avons mis fin à cette charmante soirée sans prendre le café, ni le pousse-café car il est bien connu que cela donne envie de griller une clope et on a eu peur que les voisins ne redoublent d'efforts.
Donc évitez "Chez Véro" ; si vous ne pouvez pas faire autrement allez y avec une tenue qui ne prend pas la fumée (bonnet de bain pour les cheveux, combinaison de plongée), apportez votre vin et entraînez-vous à vivre en apnée pendant une soirée.