Entre amis, restos et expos, les sollicitations n'ont pas manqué en ces quelques jours de fin mai à Paris. Bref aperçu.

Mercredi 21 mai
La famille Ceccaldi, coutellerie d'art à Porticcio en Corse, a ouvert une boutique atelier au 15, rue Racine (entre le boul. Saint-Michel et la rue de l'École de médecine). C'est une grande émotion que de regarder ou de prendre en main aussi bien un simple couteau de cuisine à manche en racine de bruyère et lame d'acier au carbone qu'un très raffiné couteau pliant liner lock à lame et mitre en damas et manche en ébène. Accueil attentif de la part de Sylvestre et Simon Ceccaldi. Le site Internet  est de qualité.

Dans la même rue Racine, au n°3 se trouve le Bouillon Racine, véritable institution au décor Art nouveau fulgurant rénové en 1996 par les Compagnons du Devoir (voir le site) et qui est un survivant des nombreux « bouillons » populaires ou bourgeois qui fleurissaient à Paris fin XIXème-début XXème siècle. Au même numéro se trouve le plus récent Bouillon des Colonies qui mêle des atmosphères asiatiques et africaines dans la décoration et présente une carte où des spécialités diverses allant du Proche-Orient à l'Indochine en passant par Tahiti sans oublier l'Inde se côtoient. Un menu « découverte » à 24 euros (1 E, 1 P, 1 D) permet de se prendre pour un explorateur et quelques vins au verre (dont un chenin d'Afrique du Sud, un peu mou) complètent l'offre. Ce soir-là les choix se portèrent d'une part sur l'assiette Afrique Orient (en fait des mézés dont certains manquaient de conviction dans la cuisson et l'assaisonnement) et d'autre part des vapeurs cochinchinoises telles qu'on en trouve dans tout honnête restaurant sino-vietnamien. La christophine farcie au crabe que j'avais choisie manquait un peu de présence aromatique cependant que la canette rôtie au combava et pomme purée au sésame plaisait à l'amie avec qui je dînais. En dessert, une excellente crème brûlée et un fromage blanc fouetté baptisé « blanc manger » complèterent ce repas honorable sans plus où les énoncés des plats l'emportent sur la réalité de l'assiette et où les intentions proclamées dans le site Internet ne se concrétisent pas vraiment. Service plutôt désagréable ce soir-là. Addition raisonnable (33 euros vin compris par personne).

Dans ce désert en terme de commerces de bouche (épiceries, boucheries charcuteries, fromageries, poissonneries ...) que constitue maintenant le quartier Saint-Michel/Saint-Germain/Odéon, on se réjouira de l'apparition récente de deux établissements : un Monoprix avec un rayon alimentation conséquent et une offre en vins de bon calibre (à l'angle du boul. Saint-Michel et de la rue Pierre Sarrazin, face au musée de Cluny) et une boutique du charcutier-traiteur basque Pierre Oteiza (au 18, boul. Saint-Michel, ouvert tlj sauf dimanche matin, voir le site) que connaissent bien les habitués du bistrot à vins le Trinque-Fougasse à Montpellier et où on peut s'initier aux charmes de l'Iroulégui.

Jeudi 22 mai
Profitant du fonctionnement quasi normal des bus en ce jour d'action syndicale je me lance dans un petit marathon de visites d'expositions :
- Lovis Corinth au musée d'Orsay, ou comment les Français ont l'art de passer à côté de peintres important comme celui-ci qui était le maillon manquant entre l'académisme du XIXème siècle et l'expressionnisme
Goya, graveur au Petit Palais, l'exposition est exhaustive et fait le point sur les dernières attributions de tirages réalisés du vivant de Goya ; j'adore ce lieu depuis sa rénovation très réussie et le restaurant ne manque pas de charme cependant que le personnel y est tout à fait aimable
– Incursion dans la nef du Grand Palais pour voir l'installation de Serra dans le cadre de Monumenta : cinq immense plaques d'acier dressées comme des totems ou des menhirs
La figuration narrative aux galeries du Grand Palais, rétrospective de ce mouvement pictural qui marqua dans les années 60 et début 70 le retour à la figuration après la période où l'abstraction tenait le haut du pavé cependant que l'École de Paris continuait sur sa lancée en voie d'épuisement.

La peinture donnant faim nous allons en soirée avec une amie au restaurant « Chez René » et nous y retrouvons une autre amie familière des lieux. La maison a été créée en 1957 sous son nom actuel qu'elle a gardé bien que son patron ait récemment cessé son activité et faisait suite à un autre restaurant établi en 1896. Accueil affable de la part du maître d'hôtel et des serveurs en tablier blanc et gilet noir. Cuisine franche et loyale entre bistrot et brasserie, décor assorti avec banquettes, miroirs et barres métalliques. Je ne détaillerai pas la carte et vous parlerai simplement de la très goûteuse blanquette de veau que nous avons choisie ce soir-là et que nous avons accompagnée d'un Côtes du Ventoux, Traverses 2005, de chez Jaboulet au joli fruité sur la prune cuite. Nous avions commencé le repas avec une salade de viande de bœuf succulente et abondante qui permit de commencer le repas avec un Sancerre, Chatillet 2006, de chez Balland-Chapuis d'une belle fraîcheur sur les fruits blancs.

Bouillon des Colonies
3, rue Racine
75006 Paris
01 44 32 15 64  et site Internet
ouvert tlj  

Coutellerie Ceccaldi
15, rue Racine 75006 Paris
01 46 33 87 20


Chez René

14, boul. Saint-Germain 75005 Paris
01 43 54 30 23
fermé dimanche et lundi


(à suivre)