Depuis que la poste s'écrit avec un L et un P majuscules, il s'y passe de drôles de choses. Un petit exemple.

L'augmentation des tarifs postaux intervenue le 1er mars dernier était annoncée depuis plusieurs mois et on pouvait penser que le dépliant qui les résume serait disponible au jour dit dans les bureaux. Ayant à affranchir plusieurs envois de poids divers pour des destinations variées, je me suis donc rendu en ce début d'avril dans mon bureau habituel baptisé « Montpellier La Justice » pour demander à la préposée ledit dépliant. Elle me répond qu'elle n'en a qu'un pour elle, sous forme d'une photocopie, et qu'au demeurant les nouveaux tarifs sont affichés près de la machine à affranchir dont il me suffit de faire usage. Je lui fait observer que j'ai pour habitude, pour honorer mes correspondant(e)s, d'utiliser de beaux timbres, dits de collection, dont je possède tout un assortiment pour affranchir mon courrier et que ladite machine ne délivre pas de telles figurines. Donc, je pèse mes envois chez moi, je me réfère au tarif et je colle les timbres nécessaires pour arriver au montant voulu. Je me vois mal faire un premier passage par le bureau de poste avec mes envois pour les peser et déterminer le prix de l'affranchissement, puis retourner chez moi pour rassembler les timbres nécessaires et revenir poster les plis. Je réussis à la convaincre de me faire une photocopie des nouveaux tarifs (non disponibles sous forme d'un dépliant plus d'un mois après leur entrée en vigueur...) et l'en remercie.

Quelques jours plus tard j'ai besoin de faire un envoi à l'étranger et je m'aperçois que les tarifs correspondants ne figurent pas dans la photocopie dont je dispose. Je retourne au bureau de poste pour réclamer cette partie. Devant l'attente importante aux guichets, je m'adresse au marchand du temple, je veux dire par là le préposé qui tient le stand aux fournitures diverses, très peu postales, qui tient une place importante dans le bureau récemment réaménagé : sacoche en toile, sacs bourses à musique, livres de photos (les chiens en 1001 photos, les chats en 1001 photos, les bébés animaux en 1001 photos ....), porte clefs, jouets en bois (wooden theatre), albums pour enfants, voiture en modèle réduit (Kangoo jaune La poste), livres de recettes et de tourisme (Provence, Camargue), carnets à spirale, cartes diverses (fleurs, coeurs, oiseaux, chats, pour fêtes, pour anniversaire, pour naissance ....), livres divers (1500 gestes et astuces), lingettes microfibre (pour nettoyer toutes les surfaces délicates : lunettes, CD/DVD, écrans de TV et d'ordinateur, objectifs photos)...tous gadgets et pacotille destinés à faire du chiffre d'affaires dans l'optique d'une diversification des ressources de la Poste face à la concurrence qui se précise sur ses métiers traditionnels. Il y manque de la confiserie et des strings, mais cela ne saurait tarder.

On ne s'étonnera pas qu'un article récent du Monde (supplément Économie daté du mercredi 16 avril 2008) avait pour titre "La Poste, du guichet à la tête de gondole". Citation : "Pour affronter la perte du dernier de ses monopoles, l'acheminement du courrier de moins de 50 g, à compter du 1er janvier 2011, l'entreprise publique a engagé une politique de diversification des produits et des services vendus dans ses bureaux, en sus des services postaux traditionnels. Son objectif est d'augmenter ses revenus dans un contexte de baisse des volumes de courrier échangés entre les individus en raison du développement d'Internet .... Grâce à cette diversification, La Poste s'est fixé pour objectif d'augmenter "le panier moyen du client de 10%, pour le porter à 5 euros par client à l'horizon 2010".". Pourquoi pas ? mais à condition de ne pas oublier le métier de base dont la fourniture sous une forme commode des tarifs postaux est une pierre de touche.

Je réexplique mon affaire au bonhomme (voir ci-dessus) lequel me dit, aussi sec, que je n'ai qu'à aller sur Internet pour trouver les tarifs que je souhaite. Une franche explication s'ensuit au cours de laquelle il me fait savoir que de toute façon ce n'est avec l'envoi du courrier que la Poste fait son chiffre. Il accepte finalement, à titre exceptionnel, de me faire une photocopie de la partie des tarifs qui me manquait en me faisant remarquer qu'il ne me la fait pas payer ! Je repars sans lui faire la bise.

Ils sont trop drôles à La Poste....