Je vous « chalut » soupes au poisson de toutes sortes. On sait que le sujet peut tourner rapidement à la querelle théologique voire à la guerre de religion pour peu qu'on y ajoute la question de l'aïoli (avec ou sans jaune d'œuf ?) ou de la rouille. La situation devient alors aussi épineuse qu'un contrôle routier au Proche-Orient.

Tâchons de faire humble et simple. Je ne parlerai pas ici de la soupe au poisson de roche réservée à quelques Marseillais privilégiés qui ont gardé de bonnes, de très bonnes relations avec leur poissonnier depuis la fin du marché noir. Je ne parlerai pas de la soupe sétoise et de sa rouille. Je parlerai simplement d'une soupe faite avec ce que les poissonniers d'ici (au Grau du Roi par exemple) vendent sous le nom de chalut : ce sont ces poissons et éventuellement crustacés tout venant qui sont restés coincés dans le filet, qui sont mal calibrés et de petite taille. Leur prix est ridiculement bas et avec un kg de ce chalut on peut faire de la soupe pour 10 personnes. Voici comment.

Ingrédients :
1 kg de poissons de chalut,
1 poireau, 1 carotte, 1 gros oignon,
2 à 3 gousses d'ail,
1 branche de céleri, 1 demi bulbe de fenouil,
1 bouquet de persil,
1 boîte de tomates pelées,
2 feuilles de laurier, thym
sel, poivre,
1 verre d'huile d'olive,
2 verres de vin blanc,
1 sachet de safran

Préparation :
émincer les légumes,
dans un faitout faire revenir les oignons émincés dans l'huile d'olive sans les roussir,
ajouter les poissons sans les vider,
joindre les légumes émincés dont une des gousses d'ail et quelques branches de persil,
ajouter les tomates, mouiller avec le vin puis avec un litre et demi d'eau,
laisser mijoter 1 bonne demi heure,
refroidir un peu pour mixer au plongeur puis passer au moulin à légumes pour retenir fibres et arêtes,
remettre sur le feu ajouter le reste de l'ail et du persil hachés ainsi que le safran,
laisser mijoter 5 mn,
servir soit nature, soit sur des croûtons frottés à l'ail, soit avec une rouille.

Cette soupe est d'autant meilleure qu'on n'aura pas plaint les légumes et qu'on aura pu y mettre des petits crabes et autres crustacés.


un Coteau du Languedoc avec du gras et de la vivacité devrait faire l'affaire (cuvée classique de l'abbaye de Valmagne, roussane/marsanne/grenache blanc/bourboulenc, ou le Roucaillat du domaine des Hautes Terres de Comberousse, roussanne/vermentino/grenache blanc) ou encore un rosé de repas de la même appellation (celui du château Bas Aumelas ou celui du Mas Fabregous à Soubès)