Jules Renard, que nous connaissons le plus souvent par "Poil de carotte" dont des passages étaient cités ou dictés autrefois à l'école, était d'un abord assez rugueux, cultivant même un peu cet aspect. Son condisciple Emile Reynaud au lycée Charlemagne, à Paris, le décrit ainsi quand il avait environ dix-sept ans :

 "C'était un grand garçon roux, solide, au front bombé, à la physionomie originale et fine, aux yeux aigus, mais taciturne et peu enclin aux confidences....... Comme un coeur trompé que l'expérience a rendu méfiant, il décourageait les approches."

 

Cependant il avait de solides amitiés littéraires et artistiques. En témoigne par exemple les artistes qui ont tenu à illustrer ce que je tiens pour un marqueur civilisationnel, les Histoires naturelles, à savoir Valloton, Toulouse-Lautrec, Bonnard..... ou à ciseler leur musique sur ses mots comme Maurice Ravel. Extraordinaire observateur, il regarde, il écoute et rend par de merveilleuses petites touches la vie des hommes et de la nature. Son art est, à la façon de l'art japonais qui a tant  fasciné les artistes de cette époque, une recherche de la concision et du mot juste comme l'évoque Marcel Boulenger :

 "Il veut la vérité. Sans rechercher la poésie mais en la laissant se dégager elle-même de ses phrases qu'il épure autant qu'il est possible. Il les ponce, il les polit, il ne les lâche pas tant qu'elles n'ont pas exprimé le plus en disant le moins." 

 

En bref, c'est un auteur plus que fréquentable, dont la lecture est stimulante et réjouissante par son humour quelquefois corrosif et son ironie qu'on retrouve aussi bien dans son Journal que dans ses délicieuses Histoires naturelles. On en saura plus en allant dans le site des amis de Jules Renard.  

J'emprunte quelques citations à Jules Renard dans mon billet la pensée du mois de mai 2012. Par instant, il semble frôler la misogynie, mais je ne suis pas persuadé que cela soit constitutif de sa pensée, plutôt une réaction à l'égard d'une mère qui l'a rejeté dans son enfance.